Que la réforme du lycée est belle !
Les recteurs ont mis en place des comités de suivi de la réforme du lycée dans la continuité du comité ministériel.
Question : Comment faire pour que l’on s’accorde sur les bienfaits de la réforme ?
Réponse : Constituer un comité très majoritairement favorable au ministre :
• Beaucoup de représentants de l’administration pour répondre aux questions, à peu près la moitié des présents. Un regain de paritarisme ?
• Inviter des gens favorables en tant qu’experts et au-delà de toute représentation des personnels, par exemple des chefs d’établissement qui indiquent malgré tout leur appartenance syndicale : snpden-unsa, sgen.
• Inviter évidemment les parents d’élèves et les représentants élèves. Ces derniers qui ont quand même une scolarité à suivre ne viennent pas, mais un chef d’établissement, les ayant rencontrés, parle pour eux.
• Finir par inviter les syndicats représentatifs, mais là dans les limites de leur représentativité au CTA. Il ne faut pas qu’il y ait trop de monde non plus.
• Au total, seules 2 voix assumant leur critique de la réforme du lycée se font entendre : SNALC et le SNES.L’Unsa, le sgen et Fo (pour être précis, ID-FO, le syndicat des chefs d’établissement de Fo) représentés abondent dans le sens de la réforme.
Les constats faits par le rectorat :
• 8,9 enseignements de spécialité en moyenne par lycée.
• 201 triplettes existent et 80% d’entre elles sont constituées de 19 combinaisons. On se félicite du choix offert. C’est forcément toujours judicieux et il n’est pas question d’entraver les choix des élèves.
• La carte des formations évoluera. Le maître-mot est prononcé à l’envie : souplesse.
• Les élèves se sont pleinement emparés de la réforme, évidemment.
Le bon sens ?
Quand le SNALC donne le détail des problèmes et montre les incohérences, les réponses embarrassées se résument par « ça percute nos habitudes ». Ainsi l’argument contre toute critique sera qu’il faut oublier l’avant-réforme. On retrouve la ritournelle de l’ancien monde. Par exemple à propos des problèmes posés par l’organisation des conseils de classe toujours régis par des textes officiels. On s’accorde sur l’ancienneté de l’organisation et la nécessaire reconfiguration à venir (quand ?) de ces conseils. Ainsi nous pouvons apprendre que les conseils de classe n’ont plus d’intérêt depuis longtemps. Pourquoi les avoir maintenus alors et pourquoi sont-ils donc une obligation de service s’ils ne servent à rien ? On y parle trop du comportement des élèves. De toute façon, à la satisfaction de beaucoup, le «groupe classe a enfin disparu avec la réforme». La solution pour régler le problème du conseil de classe : « l’intelligence collective », voilà donc du concret ! Nous aurions pu penser que les parents d’élèves auraient voulu des garde-fous, mais satisfaction de la PEEP qui propose au passage que pour gagner des heures de cours, des cours soient organisés en amphis permettant de regrouper beaucoup plus d’élèves avec un seul professeur. Une vraie parole d’expert.
Bien sûr le SNALC ne participe pas à ces palinodies.
L’avis des élèves :
Vient la présentation des constats faits par les élèves élus au CAVL, mais absents. Ils ont eu la chance et l’honneur de bénéficier d’une visio-conférence avec M. le ministre fin octobre. Leurs avis ont été recueillis à ce moment-là. Qu’auraient-ils donc dit ?
• Satisfaction générale : la réforme a amélioré le confort des élèves notamment grâce aux emplois du temps.
• Satisfaction générale : le groupe classe a enfin disparu (encore ?). Les élèves sont heureux de pouvoir retrouver d’autres élèves que ceux de leur classe en spécialité. D’accord, mais rien de nouveau par rapport aux options et groupes de langue de l’ancien monde.
• Les professeurs ont bien travaillé pendant leurs vacances pour préparer la réforme… Il faut parler un peu des profs ?
• Et pour finir après le compliment, un petit bémol signifiant « peut mieux faire » : l’espoir des élèves est celui d’une évolution positive de l’évaluation sans s’arrêter au comportement. Encore des propos qui nous rappellent le constat officiel au mot près?
Le supérieur ?
On revient ensuite sur les passerelles avec le supérieur qui s’empare aussi de la réforme. Emparons-nous tous ! Les IPR insistent sur le grand nombre de professeurs ayant déjà suivi des formations souvent longues pour appréhender la réforme, notamment pour les enseignements informatiques et numériques. Que penser des autres ?
Quelques informations précises et concrètes au détour des digressions :
• les inscriptions pour les épreuves de spécialité doivent suivre les enseignements suivis.
• pas de changement possible après la fin des inscriptions le 9 janvier.
• la banque de données est ouverte. Elle sera disponible pour les professeurs le 2 décembre.
• pas de corrigé en histoire-géographie et langues.
• sujets non modifiables, barèmes non modifiables.
• nécessité de remédiation après les E3C.
• possibilité de dégager 2 demi-journées par exemple pour prendre connaissance des sujets et s’accorder sur les corrections. Pas de cadrage précis pour permettre à chaque équipe disciplinaire de s’organiser. Cela correspond aux demandes respectives du snalc et du snes.
• Nous dressons le constat de la surcharge de travail et encore une fois du fait que l’Education Nationale compte sur les matériels des professeurs pour corriger en ligne. Point sur lequel, le snes insiste à juste titre.
• une rémunération est annoncée, conformément à nos demandes. Rien de précis encore, des discussions nationales ont lieu.
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