Un 15 octobre, nous pensons à Dominique Bernard et Samuel Paty.
Malgré tout, pendant les hommages qui sont rendus, l’acte d’enseigner n’est toujours pas valorisé, ni dans son essence ni matériellement.
Il semble en effet qu’il y aurait moins de professeurs l’année prochaine puisqu’il faut trouver de l’argent pour remplacer celui parti en fumée. Un peu comme les comptes truqués de la Grèce. On sait à quel régime, pas très méditerranéen, a été soumis le peuple grec.
Les résultats scolaires de notre académie montrent bien que nous avons besoin de professeurs dans les classes. L’effort budgétaire de la nation devrait se concentrer sur cette priorité, en même temps que sur les praticiens hospitaliers et la justice. Partout, le même modèle s’applique, celui de retirer aux personnels de terrain la reconnaissance de leurs compétences, leur autonomie noyée dans un carcan administratif toujours plus resserré et avec toujours moins de moyens pour remplir leurs missions.
Cela n’est pas valable que pour l’Etat, le courrier du conseil régional aux proviseurs et directeurs des académies d’Amiens et Lille est éloquent concernant la remise en chauffe :
« pour les autres locaux, la date est fixée au retour des congés d’automne »
Les « autres locaux », c’est-à-dire ce pour quoi les établissements scolaires fonctionnent, leur seule raison d’être : enseigner. Si encore, ces propos étaient tenus par quelqu’un découvrant l’éducation nationale !
Toujours dans le faux semblant, nous avons bien compris qu’après la « revalorisation historique » dont ont bénéficié les professeurs, c’est-à-dire le doublement de l’ISOE-ISAE portée à 212.50 € brut mensuel, la question des rémunérations était close. A la limite, ne faudrait-il même pas rendre l’argent, tellement on est allé trop loin. En même temps, le renouvellement de la GIPA dans la Fonction publique ne devrait pas se faire en raison de son coût trop élevé. Les ministères devraient accorder leur violon dans leur communication.
Pour finir, la voie professionnelle a des élèves. Et bien tant mieux ! L’année dernière, l’association des anciens élèves de la cité scolaire d’Abbeville a récompensé un jeune ayant réussi avec la mention très bien son diplôme de menuisier. La tête sur les épaules, visiblement très heureux, il s’est libéré de son travail un samedi matin pour venir recevoir son prix d’excellence au lycée. Il avait commencé à travailler dès le mois d’août. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir encore beaucoup de projets. Pour le service communication qui recrute un ou une manager de réseaux sociaux, voilà un beau sujet pour « une joyeuse équipe composée de 5 personnes, qui travaillent en plein cœur d’Amiens et qui dispose de moyens humains et techniques lui permettant d’assurer ses missions avec efficacité, réactivité, créativité et bonne humeur ». Les personnels des services de gestion des DSDEN et du rectorat en sont ravis.